Lundi 17 mars 1986

1. Le Premier ministre Laurent Fabius a présenté dans la matinée la démission de son gouvernement, au lendemain de la défaite du Parti socialiste aux élections législatives.

2. Intervention télévisée dans la soirée de François Mitterrand. Le chef de l’Etat a déclaré qu’il entendait respectait l’esprit de la Constitution et qu’il allait tenir compte de la volonté des Français. Tout en rappelant ses pouvoirs, notamment en matière d’affaires étrangères, le président a affirmé que le prochain chef du gouvernement pourra appliquer sa politique économique comme il l’entend, lui souhaitant même bonne chance. Après des semaines de spéculations, la voie de la cohabitation semble désormais plus que probable.

3. Toute la journée, les représentants de l’UDF et du RPR ont multiplié les rencontres, chacun de son côté ou ensemble, afin de préparer le terrain pour l’arrivée au pouvoir de la droite. La volonté première est de cohabiter à droite avant de cohabiter avec le président socialiste.

4. Dirigeant du Front national, Jean-Jacques Stirbois (à gauche sur la photo) a déclaré que son parti pouvait aider la droite à remporter les régions de Languedoc-Roussillon, Picardie et Haute-Normandie, où le Parti socialiste et ses alliés sont majoritaires, mais sous conditions.

5. Le dirigeant communiste Pierre Juquin a appelé sur Antenne 2 à l’organisation d’un congrès extraordinaire après les mauvais résultats du PCF aux législatives.

6. Quinze minutes après son départ, le TGV Paris-Lyon a été frappé dans l’après-midi par un attentat à la bombe au niveau de Brunoy, dans l’Essonne. Dix personnes ont été légèrement blessées. Le train a pu s’arrêter sans dérailler. L’action a été revendiquée par le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient, auteur de trois autres attentats à Paris en février. L’organisation affirme qu’il s’agit du premier d’une longue série si trois prisonniers (Georges Ibrahim Abdallah des FARL, Anis Naccache et l’Arménien Varoujan Garbidjian) ne sont pas libérés.

7. En désaccord avec les prises de position politiques d’Yvon Gattaz, le vice-président du CNPF, Yvon Chotard (photo), a présenté sa démission.

8. Chute de la Bourse de Paris dans la matinée (- 4,7 %) en raison de la courte victoire de l’opposition de droite aux législatives. Les boursiers avaient spéculé la semaine dernière sur forte majorité pour l’UDF et le RPR. Le cours s’est cependant amélioré en cours de journée avec une baisse plus modérée à la clôture.

9. « Jurisprudence Chantal Nobel » : un arrêt de la Cour d’appel de Paris élargit la notion de respect du domicile. Une chambre d’hôpital est désormais considérée comme le domicile privé du patient pendant le temps où il y réside. Trois paparazzis avaient été condamnés pour avoir pris contre sa volonté des photographies de la comédienne hospitalisée en 1985.

10. Le directeur de la succursale de Maisons-Alfort de la société de crédit CREG, a été interpellé avec quatre complices. Ils sont soupçonnés d’avoir détourné près de dix millions de francs au moyen de prêts personnels accordés à des complices. Mille dossiers sont concernés en huit mois (une vingtaine d’autres personnes seront arrêtées le lendemain).

11. Après neuf mois d’absence, Philippe Bouvard fait son retour à la télévision, avec l’émission Le Petit Bouvard illustré, diffusé à 19 h 37. Fait nouveau en France, le présentateur sera payé selon les audiences.

12. L’alpiniste français Jean-Marc Boivin a réussi l’exploit d’escalader quatre faces nord en vingt heures dans le massif du Mont Blanc. Utilisant des skis et un parapente pour relier les sites, il a ainsi enchaîné à partir de 4 h 30 du matin les « quatre Glorieuses » en effectuant d’abord la première ascension solo de la voie Grassi dans l’aiguille Verte, suivie de la Corneau-Davaille et finissant par la voie Boivin-Gabarrou dans Les Droites, la voie suisse dans les Courtes et le linceul aux Grandes Jorasses. Il a terminé son périple en deltaplane en volant sur quinze kilomètres jusqu’à la vallée de Chamonix.