Lundi 12 janvier 1987

1. Environ 15 000 personnes, dont des délégations venues de province, ont manifesté à Paris contre les grèves dans le secteur public et pour la défense des usagers, à l’appel des élus des responsables de droite. Avec des slogans hostiles à Henri Krasucki et au président Mitterrand, un premier défilé était organisé dans l’après-midi par le RPR et l’UDF et un second, moins important (2 000 manifestants), par le Front national. Des incidents ont éclaté devant le siège de la CGT à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : des militants du RPR se sont affrontés aux grévistes ; le député Eric Raoult, qui s’estime victime de l’agression d’un commando, a été légèrement blessé. De son côté, la CGT proteste.

2. Les syndicats CFDT et FO des agents de l’EDF ont finalement accepté les propositions salariales de leur direction (augmentations et revalorisations de salaire, dispositions sur le temps de travail). Seule la CGT appelle à poursuivre le mouvement.

3. Le trafic continue de s’améliorer à la SNCF. A la RATP, la journée a été difficile (avec 30 % des métros qui circulaient en moyenne à dix-huit heures, un trafic des RER quasiment nul et trois autobus sur quatre en service) mais la situation devrait également aller vers un mieux, les autonomes ayant décidé de suspendre leur mouvement à la suite de nouvelles propositions officieuses de la direction.

4. Selon un sondage Ipsos pour Le Point, 55 % des Français seraient favorables à des élections générales dans les prochaines semaines si la crise sociale se poursuivait. Par ailleurs, 50 % des personnes interrogées se disent favorables à une modification du droit de grève dans le service public.

5. En raison de la hausse de la devise allemande (consécutive à la baisse du dollar), les ministres des Finances des Douze, réunis à Bruxelles, ont du effectuer divers changements de parités au sein du Serpent monétaire européen : le deutsche Mark et le florin néerlandais sont réévalués de 3 %, le franc belge et le franc luxembourgeois de 2 %. Pas de dévaluation pour le franc français.

6. Ivan Barbot remplace Pierre Verbrugghe comme directeur général de la police nationale.

7. Arrivée à Paris du roi Hussein de Jordanie et de son épouse la reine Noor pour une visite d’Etat de trois jours. Le souverain jordanien a été accueilli par le président Mitterrand à l’aéroport d’Orly.

8. Alors que le pays subit une vague de froid, tout l’ouest de la France a été victime de longues coupures de courant à la suite d’une panne à la centrale thermique de Cordemais, près de Nantes. Les groupes 1, 2 et 3 sont successivement tombés en panne entre 10 h 55 et 11 h 42 en raison du gel. Les systèmes de trois centrales nucléaires et d’une autre à charbon se sont déclenchés pour compenser les baisses, mais la perte de 9 000 MW de puissance a obligé l’EDF à procéder notamment à un délestage de 1 500 MW sur la Bretagne et la région d’Angers : toute la Bretagne, les Pays-de-la-Loire, la moitié de la Normandie et 40 % de la Région parisienne se sont retrouvés dans le noir. Cet incident, classé E sur une échelle de A à F, démontre l’extrême dépendance du réseau breton, une « péninsule électrique » à la centrale de Cordemais. Par ailleurs le froid a également entraîné l’arrêt de l’une des tranches de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, à Saint-Laurent-Nouan, dans le Loir-et-Cher (cet arrêt devrait durer plusieurs jours). Dans la soirée, suite à l’incendie d’une chaufferie alimentant leur quartier, environ 25 000 personnes sont privées de chauffage à Nantes : il ne fait que 8 à 10° dans les appartements… A Paris, en raison du froid, deux stations de métro (Sentier et Mabillon) ont été ouvertes dans la soirée pour accueillir les sans-abri (une opération reconduite la nuit suivante).

9. Un record de froid a été enregistré la nuit dernière dans le Doubs avec - 33°. A Nancy, il a fait - 17°, - 16° en Alsace et - 10 à Marseille. Le froid s’est intensifié jusqu’en Méditerranée, avec -12° à Sète. Seule la Corse connaît des températures positives.