Vendredi 19 septembre 1986

1. Le Premier ministre a reçu successivement à Matignon les dirigeants des cinq principaux partis politiques français pour les tenir au courant des mesures prises et à venir dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Dans l’ensemble, le gouvernement est soutenu dans ses efforts et ses actions mais, certains, comme le communiste Georges Marchais ont mis en garde contre les dérapages, le racisme et l’extrême-droite, tandis que Jean-Marie Le Pen a refusé de parler de la politique gouvernementale pour mieux parler de la sienne. A droite, le consensus est total. Jacques Chirac a rappelé que toute manifestation sur la voie publique était interdite : il a notamment demandé au Front national de renoncer au défilé qu’il avait prévu pour le 22 septembre à Paris. Dans la journée, le chef du gouvernement a rendu visite aux nombreux blessés à l’hôpital Cochin. A peine de retour à Paris de son voyage en Indonésie, François Mitterrand a tenu en début de soirée un conseil de sécurité à l’Elysée. Plusieurs personnalités (Yves Montand, l’abbé Pierre, Harlem Désir, etc.), ont appelé les Français à observer une pause d’une heure, entre 11 h et midi, le 22 septembre pour dire non au terrorisme. Concernant l’enquête, les policiers français avouent leur trouble concernant la présence actuelle au Liban de leurs principaux suspects, formellement reconnus par des témoins…

2. Selon un sondage Sofres pour le Figaro, les Français considèrent à 75 % que le terrorisme est une guerre mettant en péril le fonctionnement de l’Etat et du pays. 70 % estiment qu’il ne faut pas céder au chantage et 72 % apportent leur soutien au gouvernement pour lutter contre ce péril. La population est favorable à la fouille des sacs à l’entrée des lieux publics (86 %) et au rétablissement des visas pour les étrangers (77 %). 60 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à aider la police mais désapprouvent à 42 % les représailles militaires contre un pays accusé de soutenir le terrorisme (41 % sont pour). Enfin, ils sont 61 % à penser que la France ne doit pas réduire sa présence au Liban.

3. Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit à la demande de la France pour étudier la situation de la FINUL au Sud-Liban. Le représentant français a demandé le retrait d’Israël de la zone occupée à la frontière. Une partie du contingent français a commencé à se retirer des postes les plus exposés, remplacé les soldats d’autres nations, notamment népalais. Dans la soirée, cinq Casques bleus français ont été blessés dans la région par l’explosion d’une roquette dans leur camp.

4. La modification de la répartition du capital de la société MMB - qui regroupe les secteurs communications et média du groupe Hachette (dont Europe 1) - donne naissance au groupe Lagardère. Jusqu’à présent, Jean-Luc Lagardère (photo) représentait des actionnaires autres que lui-même. Désormais maître chez lui, il pourra plus librement s’attaquer au rachat de TF1.

5. Le ministre des Transports Jacques Douffiagues annonce l’arrêt par l’Etat du financement d’Air France pour l’exploitation des sept Concorde. Celle-ci est jugée suffisamment rentable pour la compagnie nationale.

6. La cavale d’André Millepied (vingt-sept ans) s’est achevée dans la matinée à Paris : armée d’un vrai revolver et d’un pistolet-mitrailleur factice, l’auteur de la fausse prise d’otages à la banque Worms au mois de juillet a été arrêté par les policiers lors du braquage d’une agence de la BNP dans le XXe arrondissement (rue de Belleville). Il a été blessé au flanc par une balle.

7. La chaîne Antenne 2 diffuse pour la première fois en France, en prime time, la série policière américaine Deux Flics à Miami, créée en 1984 par Anthony Yerkovich, avec Don Johnson et Philip Michael Thomas.

. Au Festival international de New York, trois films français rencontrent un large succès : Tenue de soirée, de Bertrand Blier, Autour de minuit, de Bertrand Tavernier, 37°2 le matin, de Jean-Jacques Beineix.