Vendredi 18 mai 1984

1. Le Conseil des ministres s’est tenu de façon exceptionnelle dans l’après-midi de ce vendredi, dès le retour de Stockholm du président Mitterrand. Le Premier ministre a fait savoir qu’il engagera la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale au sujet du projet de loi sur l’enseignement privé. L’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution permet au pouvoir de faire adopter le texte sans que les députés n’aient à se prononcer sur le projet de loi lui-même. L’opposition proteste vivement contre l’absence de débats et évoque un aveu de faiblesse du gouvernement.

2. Crise chez Citroën : le ministre des Affaires sociales Pierre Bérégovoy a annoncé la position et les propositions du gouvernement pour résoudre le conflit. Réaffirmant l’existence de sureffectifs dans l’industrie automobile, il a accepté le principe de 4 000 suppressions d’emploi (départs en préretraite, départs volontaires, aide au retour) sur les 6 000 demandés par la direction du groupe. Les 2 000 licenciements supplémentaires restent suspendus à l’ouverture de négociations sur la réduction du temps de travail et sur la formation dans un délai de trois mois. Le ministre ajoute qu’un Centre de formation des travailleurs de l’automobile sera prochainement créé et que des contrats de solidarité portant sur la réduction du temps de travail seront signés avec la direction. Celle-ci, qui s’est réunie au siège de Neuilly pour étudier les conséquences financières de la crise, estime que le refus de ces 2 000 licenciements supplémentaires crée une situation très sérieuse pour le groupe et que la réduction du temps de travail n’est pas la solution, même financée par l’Etat. Dans l’ensemble, les réactions des syndicats sont à l’inverse plutôt positives. Dans la matinée, le tribunal de Nanterre avait ordonné l’évacuation de l’usine d’Asnières. Enfin, les élus de l’opposition de la Seine-Saint-Denis avaient organisé dans l’après-midi une manifestation à Aulnay-sous-Bois.

3. Le président du CNPF, Yvon Gattaz (photo), a déclaré que la réduction du temps de travail n’était pas une panacée et qu’elle ne créera pas d’emploi. Edmond Maire (FO) estime que les propos du patron des patrons sont archaïques. De son côté, le ministre du Plan Jean Le Garrec a affirmé que le gouvernement restait favorable à une réduction du temps de travail qui ne mettait pas à mal la compétitivité des entreprises.

4. Congrès de la CFE-CGC : Paul Marchelli a été élu président du syndicat des cadres en remplacement de Jean Menu (photo), en fonction depuis 1979. M. Marchelli a déclaré que le gouvernement avait perdu la bataille de l’emploi et qu’il faisait preuve d’incohérence et de légèretés dans les restructurations industrielles.

5. La SNCF est encore touchée par quelques perturbations.

6. Meurtre ou euthanasie à Strasbourg ? Un infirmier de vingt-huit ans qui a fait mourir le 16 mai de sa propre initiative une malade âgée a été inculpé d’homicide volontaire. Il affirme que la patiente de 87 ans souffrait d’une maladie incurable mais selon la direction il ne s’agissait que d’une simple fracture de la hanche…

7. Gilbert Sanguinede, qui vendait à prix d’or le sulfureux 714-X de Gaston Naessens, a été arrêté et emprisonné. Il est inculpé d’escroquerie, d’exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, et de vente sans autorisation de spécialités pharmaceutiques.

8. Les directeurs des affaires politiques des Affaires étrangères des dix pays membres de la CEE se sont réunis à Paris pendant quatre heures pour mettre au point une démarche commune en faveur des dissidents soviétiques Sakharov (photo). Le message, non rendu public, sera remis à Moscou par le ministre français des Affaires étrangères Claude Cheysson.

9. La chasse à l’homme se poursuit en Haute-Savoie, mais les trois cents gendarmes sont incapables de retrouver le complice du braqueur qui s’est suicidé hier.

10. Un pompiste a été poignardé à mort à Châteauneuf-du-Rhône (Drôme) par un automobiliste qu’il avait servi, pour 140 Francs de super… Le meurtrier a pris la fuite.

11. Journée internationale des musées : l’entrée est gratuite dans tous les musées nationaux français.

12. « Artistes contre la torture » : grand gala organisé au Zénith par Amnesty International. De nombreuses artistes et vedettes de la chanson française sont présentes sur scène (Alain Bashung, Jane Birkin, Pierre Desproges, Juliette Greco, Jean Guidoni, Sapho, etc.).