Vendredi 13 janvier 1984

1. Nouvelles offres du gouvernement sur l’avenir de l’enseignement privé : mêmes conditions de financement pour les établissements publics ou privés ; prise en charge financière par les collectivités locales et régionales et non plus seulement l’Etat ; création de nouveaux établissements (selon le nombre de classes nécessaires, du nombre de maîtres et professeurs déjà prévus et les crédits disponibles), dont l’ouverture sera décidée par une Commission d’harmonisation ; mise au clair de la situation juridique, avec un cadre juridique unique au sein d’un Etablissement d’intérêt public ; la décentralisation prévaudra après 1985 ; les maîtres des écoles privés conservent leur statut actuel ou peuvent choisir les mêmes conditions que ceux du public. Le ministre de l’Education Alain Savary propose d’ouvrir des négociations pour une période de six semaines.

2. Le Conseil constitutionnel a confirmé l’annulation de nouvelles élections municipales de mars 1983 dans le Var : à Draguignan (où le candidat socialiste avait été élu) et à La Seyne-sur-Mer (victoire du candidat communiste). De nouveaux scrutins doivent être organisés.

3. Le gouvernement a annoncé être prêt à verser vingt-huit milliards de Francs au titre de la réforme de l’assurance-chômage.

4. Dans la soirée, le président Mitterrand a effectué une tournée surprise auprès de la police parisienne. Accompagné du ministre de l’Intérieur et du secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, il a débuté sa visite par les locaux du 36, quai des Orfèvres (photo), où il a tenu à rassurer les policiers.

5. L’ensemble des syndicats de mineurs se sont réunis à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour déterminer une attitude commune après l’annonce de la restructuration des bassins miniers français (notamment 2 000 suppressions d’emploi dans le Nord-Pas-de-Calais). Les syndicats demandent une entrevue rapide avec le Premier ministre et l’ouverture rapide de négociations.

6. Après avoir déjà reçu Edmond Maire et André Bergeron, le président Mitterrand s’est entretenu au palais de l’Elysée avec le secrétaire général de la CGT Henri Krasucki (photo).

7. Tentative de cambriolage la nuit dernière au domicile d’un collaborateur du Canard enchaîné, Pierre Péan. Selon certains, il pourrait y avoir un lien avec l’affaire des « avions renifleurs », Pierre Péan étant à l’origine des révélations. Il est également l’auteur d’un livre explosif sur l’état politique du Gabon, Affaires africaines.

9. D’après la seconde autopsie de Robert Boulin (photo), décédé le 30 octobre 1979, la thèse de la noyade, retenue jusqu’alors, devrait être remise en question selon sa famille. Les os du nez et de la mâchoire ont été fracturés, ce qui n’avait pas été remarqué lors de la première autopsie le procureur de la République ayant interdit l’examen du crâne à l’époque. De même, le contenu des poumons n’avait pas été inspecté en 1979 ; Enfin le corps a été embaumé sans accord de la famille. Bertrand Boulin, Le fils de l’ancien ministre du Travail, relie la mort de son père, trahi par ses amis politiques, à l’affaire des « avions renifleurs ».

10. L’épouse du directeur du Centre culturel français de Beyrouth de a été grièvement blessée au visage par deux tireurs à moto alors qu’elle sortait de chez elle. Par ailleurs, une fusillade a opposé sans faire de victimes des parachutistes français à des miliciens chiites à Beyrouth.

11. Quasi silencieux depuis des mois, Edmond Simeoni, de l’Union du peuple corse, dénonce les procédés utilisés par les nationalistes. Il « condamne l’attitude du FLNC, ses objectifs et ses méthodes ».

12. Ouverture à Paris du procès de l’excision : une famille de Maliens est accusée d’avoir commis en 1980 cette pratique sur l’une de leurs fillettes âgée de trois ans. Trois autres jeunes filles sont mortes à Paris ces deux dernières années.

13. Ouverture à Paris du Salon de la navigation, inauguré par le président Mitterrand. Un secteur qui commence à sentir les effets de la crise : - 8 % en 1983. Les dépôts de bilan de petits chantiers se sont succédés.

14. En ce jour de vendredi 13, la Loterie nationale a organisé une cérémonie médiatisée pour remettre à trente-huit ouvriers d’une usine de fabrication de grille-pains de Falaise des chèques de plus de 310 000 Francs par personne (le double pour deux d’entre eux). Gagnant en moyenne 4 500 F par mois, ce gros lot de douze millions partagé leur rapporte environ six ans de salaire. Depuis quatre ans, ils jouaient les mêmes numéros au Loto, misant 10,50 F.